Repartir de zéro : Comment la bijouterie m’a aidée à reprendre ma vie en main !

Nous sommes au début de l'automne, une période idéale pour faire un bilan pro et perso des derniers mois et, en toute honnêteté, quel voyage cela a été !
Mon amour pour les bijoux ne date pas d’hier, il remonte à mon enfance. Mais la bijouterie, en tant que métier, c'est encore tout nouveau pour moi.
Il y a à peine quelques mois, je traversais un burn-out. Avant de le vivre, je ne savais même pas ce que c'était. J’avais ce que beaucoup qualifieraient de « vie parfaite » : deux fillettes formidables, un mari adorable et un travail de rêve comme ingénieur qualité dans une start-up. Tout semblait aller pour le mieux, jusqu'au moment où tout a commencé à s’effriter, sans que je comprenne vraiment pourquoi.
Une série de petites choses se sont accumulées : une manager qui n'a pas voulu entendre mes signaux d'alerte, une vie de maman à 100 à l'heure où j'essayais de tout concilier (comme beaucoup d'autres femmes), un mari chef d'entreprise qui faisait de son mieux, un manque de confiance en moi qui m’a trop souvent empêchée de dire non, une envie de toujours faire à la perfection,... J’ai tenu bon, jusqu’à ce que tout craque. J'ai fini par démissionner, fuir pour sauver ma santé.

Accepter que j’étais en burn-out a été extrêmement difficile. Admettre que j'avais besoin de l’aide d’un psy l’a été encore plus : Le vrai déclic pour consulter a été d’entendre ma fille dire à son père : « Maman me fait peur ! » Cette phrase a été mon électrochoc. Il était temps que je prenne soin de moi, pour elle, pour ma famille, mais aussi pour moi-même. Cela m'a pris du temps pour dépasser mes sentiments d'échec, de faiblesse, de honte et encore plus pour me reconstruire. Mais petit à petit, j'ai recommencé à envisager l’avenir, à penser à un nouveau projet, une nouvelle voie. C’est à ce moment-là que la bijouterie est revenue dans ma vie. Quand je suis à l’établi, le temps s’arrête, je peux oublier tout ce qui m’entoure et me concentrer pleinement sur mon travail. C’est là que je me sens à ma place.
Tout comme il m’a fallu du courage pour démissionner, il m’en a fallu encore plus pour abandonner mon statut social et repartir de zéro. Ce n’était pas facile d’annoncer à ma famille que je devenais bijoutière. Les réactions des autres étaient parfois dures : « C’est un loisir, non ? » ou « Tu as de la chance, ton mari gagne bien sa vie, tu peux te le permettre, toi… » J’ai appris à les entendre et à ne pas les écouter.
Pour me sortir de cette spirale du burn-out, en plus de mon traitement médicamenteux, je me suis remise au yoga, à la méditation, j'ai pris du temps pour moi, égoïstement. Et jour après jour, j’ai remonté la pente. Enfin… la plupart des jours ! Il y a (et il y aura toujours) des moments où je redescends la pente, mais maintenant j'ai la force et le courage de continuer à avancer. Et ça, j'en suis fière.

Pendant deux ans, j’ai fait des allers-retours entre Aix-en-Provence et Montpellier pour apprendre la bijouterie, avec un seul objectif en tête : en faire mon métier. J'ai financé moi-même mes formations, car j'ai découvert amèrement que le Pôle Emploi n'est pas armé pour accompagner les personnes comme moi, anciens cadres, malades (car le burnout est bien une maladie), qui décident de changer de voie professionnelle. Je ne regrette absolument pas ce sacrifice financier, bien au contraire : j'ai investi dans mon bien-être.
Il y a quelques mois, j’ai franchi le pas et lancé mon auto-entreprise. Je m'attendais à des complications administratives, pas autant, mais je suis fière d’avoir tenu bon. Mon entreprise est immatriculée et j'ai obtenu mon poinçon de maître. Pour rester indépendante et économiser mon budget (non extensible), j'ai beaucoup fais par moi même et beaucoup appris. J'ai appris à créer mon site web moi-même, il n'est pas parfait, loin de là, mais il fonctionne, et j'ai appris à l'accepter.
J'ai investi une autre partie de mes économies dans mes outils et équipements, parfois à tort, des erreurs de débutante. C'est dans nos erreurs que l'on apprends, non ?
J'ai aussi découvert que travailler seule n’est pas fait pour moi. Mon atelier à la maison, c’est pratique, mais difficile de tracer une ligne entre ma vie pro et ma vie perso, difficile de faire comprendre que même si je suis à la maison toute la journée, c’est pour y travailler. J’ai des projets en tête pour améliorer ça, mais il me faudra encore un peu de temps et de budget pour les concrétiser.
Le plus difficile pour moi, ce sont les réseaux sociaux : me dévoiler aux yeux des autres, ce n'est vraiment pas ma tasse de thé. Mais petit à petit, je réussis à fédérer une mini communauté autour de mes créations. J’ai même réalisé quelques ventes. C'est loin d'être suffisant pour en vivre pleinement, mais c'est assez pour me dire que je suis sur la bonne voie.
Mon plus grand défi à présent est de trouver les bonnes personnes à qui vendre mes bijoux et surtout de me faire connaître à leurs yeux. Recevoir des compliments sur mes bijoux ne rime pas avec faire des ventes, ça aussi je l'ai appris. Je n'imaginais même pas que le plus gros de ma journée serait consacré à promouvoir ma marque au lieu de faire des bijoux, mais je suis OK avec ça !
Ces derniers mois ont été remplis de hauts et de bas, de moments de joie et de doutes, de grands chamboulements. Ce que j’en retiens ? C'est que j'ai osé m'écouter, j'ai osé essayer, j'ai osé m'entourer et je suis plutôt fière de la Priscilla version 2.0. Et c’est bien ça l’essentiel.
Priscilla
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